mardi 9 septembre 2008

Temoignage de Bernard

Joyau de notre patrimoine culturel, l’Atelier d’Art Plastique Spécialité Sculpture de la rue Boulard, existe depuis 25 ans. Il est un héritage du savoir-faire de ceux qui nous ont précédés.
Particulièrement bien organisé, ce lieu est dédié, par sa structure même, aux travaux spécifiques qui y sont menés et s’y enchaînent, depuis la création par la terre, jusqu’à la phase finale de la réalisation de grandes pièces de moulage.
Le volume important et l’espace (deux salles permettent à la fois de modeler et de mouler), les installations et équipements, parfaitement bien adaptés, toujours améliorés au fil du temps (telle l’installation récente de nouvelles batteries d’éclairage), convergent pour en faire un outil unique, irremplaçable, qu’on a envie de préserver à tout prix, dans un contexte qui se stérilise de plus en plus.
Cet espace est aussi le témoignage d’une époque qui nous échappe, où les règles de travail avec leur rigueur, n’ont quasiment pas changé. Il privilégie l’étude classique et c’est sans doute le denier bastion où on le fait aussi intensément et avec autant de conviction.
Faire disparaître cet «appareil » aussi brutalement, sans concertation ni dialogue, est une décision que personne, ici, ne comprend et n’approuve.
La ville de Paris, en supprimant cet atelier de la rue Boulard va faire tomber un des derniers pan culturel réservé à la sculpture, toujours parent pauvre du milieu artistique, qu’il faudrait au contraire aider, soutenir, favoriser.
On nous dit que notre atelier ne disparaît pas, qu’il sera recréé à Montparnasse sous la base d’une activité «dessin ». Nous pensons qu’il y a mieux à faire pour les sculpteurs qui attendent de travailler en trois dimensions. Chacun de nous sait bien que la salle en étage prévue à Montparnasse, n’ait plus rien de commun avec la vocation d’un atelier de sculpture, polyvalent, tel celui de Boulard.
Alors pourquoi cette décision ? Chacun, des membres de l’atelier aimeraient une réponse à l’heure où les pré-inscriptions en sculpture et modelage sont déjà sur le bureau de Montparnasse.
Ne peut-on pas en faire un «atelier phare », en l’améliorant encore à peu de frais, plutôt que de le liquider. Car il est évident que ce lieu est irremplaçable, au cœur de Paris, il faut le redire. Il y a quelques mois, il a été discuté d’une possibilité de relancer la cuisson de terre (c’était une des activité de l’atelier) en restructurant la petite salle, de façon à mettre l’implantation du four (en excellent état) aux normes.
Pourquoi ne pas suivre cette idée, y réfléchir, pour faire de cette espace un meilleur outil, encore plus polyvalent dans sa logique de création, qui profiterait à la sculpture et à son ouverture ?
Il faut voir aussi les élèves qui sont là, leur passion, leur conviction, pour découvrir et se livrer à cet art, leur engagement et leur enthousiasme quand ils sont dans l’émulation du travail de chacun, intense, avec les deux modèles qui posent en même temps (quand la seconde salle n’est pas utilisée pour le moulage) appuyés par leur professeur Eva, aux connaissances inestimables et si précieuses pour eux.
Alors, pourquoi faire ça à tous ceux qui sont là aujourd’hui, dans cet atelier et a tous ceux qui pourront y venir et s’y enrichir demain.
Cela représente un réel gâchis, face à toute l’énergie et à l’investissement humain qu’il aura fallu, face à cette somme de connaissance et de savoir-faire transmis jusqu’à nous, pour élever l’atelier Boulard au niveau où il est à ce jour.
C’est un capital culturel qui n’appartient pas qu’aux décideurs. Cet un outil nous le devons à nos prédécesseurs et devons le léguer à eux qui nous suivent, nos enfants, petits enfants, peut-être les vôtres demain ?
Nous a-t-on informé, interrogé au sujet de cette fermeture ? Cela aurait apporté un peu de clarté.
Cette lettre a pour but de faire remonter jusqu’à vous la vision de ceux qui sont, à cet instant, au cœur de l’activité de l’atelier Boulard et de déclencher une ultime réflexion sur la décision de fermeture.
S’il y a une dernière chance pour SAUVER l’atelier, nous vous demandons de mettre tout ce qui est en votre pouvoir pour éviter cette erreur.

En espérant tous, qu’en votre âme et conscience vous puissiez agir pour rester en accord avec la politique Culturelle de la Ville de Paris, nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur, nos sincères salutations.

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